Penser l'autonomie par l'entraide : un projet de recherche-action-participative (RAP) sur l'habiter et le vieillir

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PLV13 - 21 04 20 - Labit
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Anne LABIT, sociologue, Université d'Orléans - UMR CITERES/CNRS & Université de Tours

 

Discutant : Thomas DAWANCE, sociologue et architecte, Cosmopolis & Belgian Ageing Studies, Vrije Universiteit Brussel

 

Mardi 20 avril 2021 de 12 à 14 heures 

En visioconférence, gratuit et sur inscription


Résumé

L’habitat participatif connaît un fort développement en Europe, en particulier en France, depuis les années 2000. On compterait aujourd’hui plus d’un millier de projets aboutis, d’après le mouvement Habitat Participatif France, tandis que le nombre de collectifs en phase de montage ou d’émergence ne peut plus être évalué. La loi du 24 mars 2014 pour l’accès au logement et un urbanisme rénové (ALUR) est venue donner une forme de reconnaissance à l’habitat participatif, tandis que les médias, en multipliant les reportages sur ce sujet, ont permis qu’il soit de mieux en mieux connu du grand public. De nouveaux partenaires : élus locaux, bailleurs sociaux, associations… se saisissent du sujet et initient ce type de projets, transformant ainsi la démarche initiale - «ascendante» ou portée par les habitants eux-mêmes - en une démarche plus «descendante», mais qui se doit d’intégrer les habitants le plus tôt et le plus largement possibles. De fait, l’habitat participatif semble répondre à de nombreux enjeux actuels,  écologiques (écoconstruction, jardin partagé, mutualisation d’équipements…) aussi bien que sociaux. Etre impliqué en tant qu’usager dans la conception d’un habitat adapté à ses besoins et retrouver un lien de voisinage de qualité, sont quelques-unes des caractéristiques de l’habitat participatif, qui intéressent tout particulièrement les personnes ayant atteint ou approchant l’âge de la retraite. L’habitat participatif, en comportant à la fois des logements indépendants et des espaces communs, en permettant un lien social choisi et le respect de la vie privée, apparaît comme une alternative essentielle dans le champ en plein développement de l’ « habitat senior », dont la palette ne cesse de s’étoffer entre vieillir à domicile et institution médicalisée. 

 

Les projets d’habitat participatif initiés par des personnes vieillissantes doivent-ils être spécifiques du point de vue de leur gouvernance (comment par exemple permettre la participation des personnes souffrant de troubles cognitifs à la prise de décision) ? Ces projets doivent-ils être spécifiques du point de vue de leur statut juridique (quel équilibre trouver entre préservation des intérêts individuels ou familiaux et préservation de la dynamique collective du projet dans la durée) ? Est-ce possible de vieillir en habitat participatif jusqu’au bout de la vie ? Jusqu’où peut aller l’entraide entre voisins ? Comment peut-elle s’articuler avec des aides professionnelles ? Les questions sont multiples et nécessitent la mise en œuvre de méthodologies de recherche alternatives, qui associent tous les acteurs de cette innovation sociale majeure. Nous proposons ici de rendre compte d’une recherche-action-participative en cours, menée sur six terrains de recherche représentant six projets d’habitat participatifs intégrant la question du vieillissement, réalisés ou en cours de montage. Cette recherche associe des chercheur·es universitaires (sociologie, géographie, aménagement et urbanisme), des habitant·es ou futur·es habitant·es de ces projets, ainsi que des membres actifs de l’association Hal’âge qui milite pour  le développement de ce type de projets en France.