Nos séminaires "Penser les vieillesses" s'adressent aux chercheurs, aux enseignants, aux étudiants, aux citoyens ainsi qu'à tout professionnel concerné par les vieillesses et l'avancée en âge des personnes. Le thème retenu pour l'année 2018 est : "La mise en scène de la vieillesse". Entrée libre. Bienvenue à tous.
Sophie RICHELLE, historienne, MMC, ULB, Bruxelles
Discutante : Sylvie CARBONNELLE, socio-anthropologue, CDCS et METICES, ULB, Bruxelles
Mardi 8 mai 2018 de 12 à 14 heures
Institut de Sociologie ULB, Avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Salle Janne (15ème étage)
Entrée libre
Froids, humides, mal éclairés, archaïques… dans l’historiographie, les hospices du 19e siècle sont racontés la plupart du temps comme des lieux d’abandon d’une misère extrême. Mais quelles archives président à cette mise en scène ? Les historiens sont-ils entrés dans les hospices ou se seraient-ils arrêtés sur le seuil ?
Grâce aux archives administratives du CPAS (centre public d’action sociale) de Bruxelles, il est possible de ne pas se limiter à des registres d’admission ou des règlements d’ordre intérieur dont la théorie ou l’abstraction ne se confirme pas toujours dans la pratique. Il est possible de pénétrer l’intérieur d’un quotidien, de mettre en scène autrement les hospices pour vieillards du 19e siècle.
L’analyse microhistorique de ces espaces particuliers que sont les hospices permet de s’attacher aux dimensions humaines, matérielles et sensibles qui les composent et les façonnent. Au cœur de l’analyse, il s’agit bien de comprendre l’expérience des personnes âgées : comment est éprouvée, vécue et ressentie la tranche de vie qui se déroule au sein des hospices. Difficiles à saisir, l’analyse des archives permet néanmoins de poser les cadres, de dresser les conditions de ces vécus, les seuils, le désirable et l’intolérable d’une situation donnée, à une époque donnée pour des personnes données.
Une nouvelle mise en scène des hospices bruxellois du 19e siècle se dessine alors. Les hospices ne sont plus aussi froids et humides qu’ils n’y paraissent. Une fois ces hospices d’assistance publique du 19e siècle replacés dans leur contexte et mis en perspective avec les normes techniques et sociales de leur temps, il ne peut plus être question d’archaïsme des conditions de prise en charge. Une plongée dans ce monde permettra d’en saisir les nuances et les complexités.
8 mai - Sophie Richelle - Hospices. Lieux et expériences de vieillesses, Bruxelles 1830-1914
5 juin - Marie-Hélène Routisseau - Représenter le vieillissement dans la littérature de jeunesse, une affaire de transmission ?
Mathieu ARBOGAST, sociologue, CEMS, Institut Marcel Mauss, EHESS, Paris
Discutant : Mathieu de WASSEIGE, docteur en langues et lettres, cultural studies, télévision studies, IHECS, Bruxelles
Mardi 24 avril 2018 de 12 à 14 heures
Institut de Sociologie ULB, Avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Salle Janne (15ème étage)
Entrée libre
Jeunes femmes et vieux messieurs. En forçant le trait, les fictions télévisées peuvent être résumées de cette manière.
Les séries télévisées occupent une part considérable de la programmation. Elles contribuent fortement à nos représentations et à notre imaginaire. Elles existent aussi en tant que secteur économique et marché de l'emploi, dont les acteurs et actrices sont la partie visible. Cet objet trivial, familier, combine de deux manières différentes les inégalités qui frappent les femmes lorsqu'elles avancent en âge. Le seuil des 50 ans n'est pas seulement symbolique, car la proportion de comédiennes diminue drastiquement au-dessus de cet âge. Peu représentées à l'écran, contrairement aux hommes de 50 ou même 70 ans, les femmes subissent alors une deuxième inégalité. Car elles sont souvent représentées de manière plus négative, et leurs personnages renvoient l'idée que la sexualité n'est plus de leur âge. Cette double peine relativise l'idée d'une télévision plus féminine et égalitaire que par le passé, et met en évidence que malgré l'existence indéniable de personnages féminins forts et positifs, à grande échelle la télévision continue de mettre en scène des inégalités de genre importantes, dans lesquelles l'âge des femmes est une question centrale.
Christophe APPRILL, sociologue de la danse, Urmis et Centre Norbert Elias, Marseille
Discutante : Elodie VERLINDEN, chercheuse en danse, centre RESIC, ULB
Mercredi 22 novembre 2017 de 12 à 14 heures
Institut de Sociologie ULB, Avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Salle Janne (15ème étage)
Entrée libre
Il y a le plaisir du texte (R. Barthes) et le plaisir de la danse, celui des amateurs qui s’adonnent à un loisir simple.
Après une contextualisation de cette « passion ordinaire », rendant compte des danses qui s’y pratiquent, des types d’interaction (danses hétérosexuelles, danses de contact) et de l’évolution des
fonctions du bal, Christophe Apprill aborde ici quelques aspects de ce que la danse fait aux seniors, à partir d’un terrain réalisé dans un dancing parisien, et de ses propres pérégrinations sur
des parquets « où l’on se frotte, ce qui est peut-être pire que de se donner » (José Germain).
2018. Les cultures du bal, Presses Universitaires de Paris Ouest, Coll. Ethnographies plurielles, à paraître.
2017. Le goût du corps, Mercure de France.
2012. « Dancings parisiens au quotidien : un loisir de seniors », Ethnologie Française,
« Le Paris des ethnologues », n° 42/3, pp. 483-491.
2005. Sociologie des danses de couple. Une pratique entre résurgence et folklorisation, Paris, L’Harmattan.
2000. « Le dancing, un monde de la nuit l’après-midi », Les Annales de la recherche urbaine, « Nuits et lumières », n° 87, pp. 29-35.
Thibaut BESOZZI, sociologue, Laboratoire 2L2S, Université de Lorraine
Discutante : Valentina MARZIALI, sociologue, Centre Metices, ULB
Mardi 23 mai 2017
Institut de Sociologie ULB, Avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Salle Baugniet (rez-de-chaussée)
Entrée libre
« En 50 ans, les centres commerciaux sont devenus des lieux incontournables de la ville marchande, tandis que leur nombre est en expansion constante. S’ils sont effectivement fréquentés par de
nombreux consommateurs (8 millions de visiteurs par an au C.C. Saint-Sébastien à Nancy), le regard ethnographique sur ces espaces permet d’y observer d’autres types d’individus qui n’y viennent
pas pour consommer. Ainsi, des personnes âgées (majoritairement des retraités des secteurs ouvriers) se rendent régulièrement dans les galeries marchandes de certains centres commerciaux pour s’y
retrouver, s’y abriter ou y flâner : jour après jour, ils construisent un petit monde de sociabilité à l’intérieur du centre commercial.
L’objet de cet exposé sera de préciser qui sont ces personnes, quelles sont leurs relations, et qu’est-ce qu’elles viennent chercher dans le Centre, si ce n’est des marchandises. De fil en
aiguille, le propos engage une réflexion plus générale sur notre société de consommation et sur nos droits d’usage de l’espace (public) urbain. »
2017. La société des galeries marchandes. Un petit monde de personnes âgées au coeur du centre commercial, Paris, Ed. du Téraèdre.
Soukey NDOYE, sociologue, membre du Laboratoire PHILEPOL, Université Paris Descartes
Discutant: Jean-Baptiste DAYEZ, psychologue social, Mutualités Chrétiennes
Mardi 25 avril 2017 de 12 à 14 heures
Institut de Sociologie ULB, Avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Salle Jeanne (au 15ème étage)
Entrée libre
Le bénévolat de compétences est-il pour les seniors une quête de valorisation d’un nouveau statut social et un moyen de résister à un système social qui participe à leur exclusion du monde production ?
Cet exposé tâchera de répondre à la question en s’appuyant sur les résultats d’une enquête menée auprès d’une grande association de retraités en France.
L’engagement bénévole des seniors sera ici réinterrogé à l’aune de la rencontre de deux mouvements.
D’un côté, la professionnalisation du secteur associatif qui mobilise des compétences des bénévoles ainsi que les logiques gestionnaires calquées sur le modèle de l’entreprise et du travail marchand.
Et de l’autre, une «police des âges» qui contingente les rôles et les statuts politiques, sociaux et économiques des acteurs et entraine une perte de valeurs et une démonétisation des ressources pour certains retraités.
Jean Paul FILIOD, anthropologue et sociologue, Université de Lyon 1 et Centre Max Weber/Tipo
Discutant : François DEMONTY, sociologue, Université Saint Louis Bruxelles
Lundi 20 mars 2017 de 12 à 14 heures
Institut de Sociologie ULB, Avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Salle Jeanne (au 15ème étage)
Entrée libre
L’acte d’habiter, de nature anthropologique, mérite qu’on s’y intéresse en entrant plus concrètement dans les caractéristiques qui nourrissent cette «nature».
L’espace. De la nécessité de délimiter ce qui relève de l’ordre de l’habiter de ce qui n’en relève pas (désordre ? chaos ?)…
Les objets. La «culture matérielle», valorisée depuis plusieurs siècles par les anthropologues s’est invitée chez les sociologues pour interroger nos possessions et leurs significations. Habiter dans un espace complètement vide, est-ce bien raisonnable ?
Les activités. Les espaces et leurs objets sont connectés à nos actions, quotidiennes ou exceptionnelles, qui permettent d’interroger les activités domestiques, leur organisation, leur distribution et leur raison d’être.
Enfin, l’altérité. Quelle place pour l’autre dans l’acte d’habiter, qui est acte de cohabiter ? L’autre du même logement, l’autre du voisinage, l’autre que l’on reçoit. La réception, l’hospitalité : des passages obligés de l’habiter ?
Cet exposé s’appuiera sur des acquis de l’anthropologie et de la sociologie et abordera la question du vieillissement et des modes d’habiter des personnes dites «âgées», à partir d’exemples issus de terrains de recherche.
Les travaux de recherche de Jean Paul Filiod portent sur l’univers domestique et la culture matérielle, ce dont témoignent notamment deux ouvrages, Le désordre domestique. Essai d’anthropologie (éditions L’Harmattan) et Faire avec l’objet. Signifier, appartenir, rencontrer (éditions La Chronique sociale).
Ils portent également sur l’école et l’éducation (voir notamment l’ouvrage Anthropologie de l’école, numéro spécial de la revue Ethnologie française) et sur l’éducation artistique et culturelle (de nombreux articles, à partir du terrain Enfance Art et Langages, programme de résidences d'artistes en école maternelle (Lyon, 2002-2015).
Depuis 2005, il est correspondant Leroy Merlin Source (www.leroymerlinsource.fr/les-correspondants/260-filiod-jean-paul) au sein de l’axe Usages et façons d’habiter (www.leroymerlinsource.fr/usages-et-facons-dhabiter).
CDCS | Institut de Sociologie ULB | Avenue Jeanne 44 | 1050 Bruxelles | 02 650 33 61