Cette rubrique est dédiée à la veille stratégique : nous parcourons pour vous les dernières études sociologiques, les analyses économiques, les rapports institutionnels et les enquêtes de terrain qui façonnent la compréhension du vieillissement en Belgique et ailleurs.
Restez informé·e des découvertes majeures qui influencent l'avenir des seniors.
Décryptez les chiffres et les analyses avec des synthèses claires et concises.
Utilisez ces données probantes pour alimenter vos réflexions, vos projets et vos plaidoyers.
Ne manquez plus aucune information essentielle sur les aîné·e·s. Bonne lecture !
Ajouter de la vie aux jours (Analyse Âgo asbl)
Guider et accompagner en soins palliatifs
Réalisée par Bertrand Gevart et Inès Baisipont, avec Charles-Henri Serre
Les soins palliatifs sont essentiels pour accompagner la fin de vie. Dans cette analyse, Charles-Henri Serre expose comment allier cure et care permet de soulager la souffrance tout en préservant l’autonomie et la dignité. Cela implique de prendre en compte les souhaits et besoins des patient mais aussi leurs valeurs et univers de sens. Cette analyse est une proposition pour une pratique d’accompagnement globale et humaine. Loin de la conception des soins palliatifs comme une mort anticipée, elle propose d’envisager ce moment comme faisant partie intégrante de la vie car «C’est justement quand il n’y a plus rien à faire que tout reste à faire.»
L'Évolution des Maisons de repos en Belgique en 2025
Tendances, Défis et Perspectives (myseniors.be)
Une étude de myseniors.be sur l'évolution des maisons de repos en Belgique souligne les nombreux défis dont elles font face, comme la pénurie de personnel, les coûts élevés et la santé mentale des résidents.
Malgré cela, les initiatives innovantes et les réformes en cours ouvrent la voie à un avenir prometteur. "La clé réside dans la collaboration entre le gouvernement, les établissements et les familles, pour garantir que les personnes âgées puissent vieillir avec dignité, confort et bien-être."
Étude ING sur l'immobilier : le marché du logement n'est pas adapté à l'augmentation attendue du nombre de personnes âgées seules
De l'inadéquation à l'équilibre : le marché belge du logement en transition à l'horizon 2040
En juin 2025, la banque ING Belgique publiait une étude sur l'immobilier démontrant la nécessité d'adapter le marché du logement aux besoins croissants des personnes âgées vivant seules, avec impacts sur la taille des ménages et la typologie des logements.
Le vieillissement de la population, la baisse des taux de natalité et la forte augmentation du nombre de personnes seules (qui devraient représenter près de 40 % de la population d'ici à 2040) modifieront radicalement la composition des ménages au cours des 15 prochaines années.
Ainsi, selon le Bureau fédéral du Plan, il y aura 447.000 ménages supplémentaires, dont 71% seront des ménages d'une seule personne. Il en résulte une demande croissante de logements plus petits, accessibles et abordables.
Cependant, le marché de la construction neuve reste sous pression en raison de la longueur des procédures d’octroi de permis et de la baisse du nombre de permis déjà observée, ce qui signifie que de moins en moins de nouveaux projets peuvent démarrer. Alissa Lefebre, économiste chez ING et auteure de l'étude, souligne l'importance du marché de la rénovation pour préparer les logements pour l'avenir, la division résidentielle et la réaffectation des bâtiments vacants étant des alternatives à exploiter. Ces approches permettent d'aligner le marché du logement sur les changements sociaux et démographiques.
Le mensuel Éducation Santé propose dans son numéro de septembre 2025 quelques réflexions sur les conditions de vie des personnes âgées en Belgique.
Dans la 424è livraison d'Éducation Santé, Stéphane Adam, directeur de l'Unité de Psychologie de la Sénescence à l'Université de Liège, répond aux questions de Clotilde de Gastines à propos de l'âgisme comme menace sur la santé mentale des personnes âgées. Déborah Flusin nous parle de sexisme et d'âgisme envers les femmes âgées. Guy Druart, médecin coordinateur à la Maison du Grand Chemin de Soignies, une institution qui héberge notamment des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, livre ses impressions sur le projet de danse mené l'an dernier dans sa maison de repos.
- Clotilde de Gastines, L'âgisme menace la santé mentale des personnes âgées (page 7)
- Déborah Flusin, Sexisme et âgisme : la timide émergence du "rien sur moi, sans moi" (page 10)
- Guy Druart, En maison de repos, la danse ravive les émotions (page 13)
Les personnes âgées en Région Bruxelloise : Aperçu de leur situation socio-sanitaire et de l'offre d'accueil et d'hébergements.
Étude réalisée par l'Observatoire de la Santé et du Social Bruxelles. Commission communautaire commune, Bruxelles, novembre 2022
Aperçu des principaux résultats de l'étude :
Démographie
• Depuis 2010, La région bruxelloise est confrontée à une augmentation du nombre de personnes âgées.
• Selon les projections, l'augmentation des 65 ans et plus se poursuivra. Le nombre des personnes âgées de 85 ans et plus (population plus vulnérable et plus à risque de dépendance aux soins) a connu une baisse depuis 2018, mais augmentera fortement à partir de 2030.
• D'ici 2030, une augmentation des personnes de 65 ans et plus est prévue dans toutes les communes, avec des intensités différentes, à l'exception de Ganshoren. Les communes pour lesquelles les augmentations les plus fortes sont attendues sont Saint-Josse-ten-Noode, suivies de Molenbeek-Saint-Jean et Berchem-Sainte-Agathe.
• La part des personnes âgées dans la population totale est plus importante dans le sud-est de la Région bruxelloise (communes dont une plus grande part des personnes ont un niveau socioéconomique élevé), et dans une petite partie du nord-ouest. Situation socio-culturelle et économique
• Il faut s'attendre à une croissance de la diversité ethno-culturelle parmi les personnes âgées bruxelloises au cours des prochaines années. • Un peu plus d'un tiers des Bruxellois âgés de 65-79 ans et presque la moitié des Bruxellois âgés de 80 ans et plus vivent seuls. Les femmes sont proportionnellement plus nombreuses à vivre seules que les hommes.
• Les personnes âgées bruxelloises sont davantage fragilisées sur le plan socio-économique par rapport à l'ensemble de la Belgique. Différents indicateurs montrent que cette fragilité a augmenté ces dernières années (bénéficiaires de la GRAPA et de l'intervention majorée). Or, les personnes de statut socioéconomique faible souffrent plus tôt et plus souvent de problèmes de santé et de limitations fonctionnelles et présentent dès lors une probabilité plus élevée de devoir recourir à un service de soins.
Situation sanitaire
• Le risque de fragilité chez les personnes de 65 ans et plus est plus élevé en Région bruxelloise (28,1 %) comparativement à l'ensemble de la Belgique (22,8 %).
• En ce qui concerne les limitations fonctionnelles de longue durée, 13,6 % des personnes âgées bruxelloises de 65 ans et plus sont confrontées à des limitations en matière de mobilité, 36,7 % à des limitations dans les activités de base à cause d'un problème de santé, 26,1 % à des limitations dans les activités quotidiennes et 43,8 % à des limitations dans l'exécution des tâches domestiques.
• Le risque de limitations fonctionnelles dans les différents domaines augmente avec l’âge chez les 65 ans et plus, sont plus fréquents chez les femmes (même après standardisation pour l’âge), et chez les personnes détentrices d’un diplôme d’un niveau inférieur comparativement aux personnes bénéficiant d’un diplôme plus élevé.
• Un Bruxellois de 65 ans et plus sur cinq déclare ne pas (ou à peine) pouvoir compter sur d’autres personnes en cas de confrontation à de graves problèmes.
• Un peu plus d'un Bruxellois de 65 ans et plus sur cinq (22 %) fait appel à un service de soins et d'aide à domicile, 13,6 % a recours à un service d'aide à domicile (aide familiale ou aide senior), et 29 % a recours à un service de repas chauds à domicile.
• La proportion de Bruxellois de 65 ans et plus bénéficiant de soins infirmiers à domicile a augmenté ces dernières années. La consommation de ce type de soins est plus fréquente chez les femmes, chez les plus précarisés ou fragiles sur le plan sanitaire et augmente avec l'âge.
Offre résidentielle
• En ce qui concerne les maisons de repos (et de soins) :
– La Région de Bruxelles-Capitale compte une plus grande proportion de personnes âgées qui sont en MRPA/MRS et elles ont plus souvent un profil de dépendance légère (profils O et A sur l'échelle de Katz) par rapport aux autres Régions.
– Le taux d'occupation des maisons de repos (et de soins) est en diminution ces dernières années pour arriver à près de 81% en 2019-2020.
– Toutes les communes bruxelloises possèdent une offre de lits MRPA/MRS, mais le taux de couverture diverge : le taux de couverture pour les personnes âgées de 65 ans et plus est le plus élevé à Evere et Anderlecht, suivi de Bruxelles et Jette.
– Il y a enfin un enjeu à pouvoir développer la prise en charge pour des profils de dépendance légère (profils O et A sur l'échelle de Katz) dans des structures alternatives, qui peuvent être adossées à la maison de repos et qui soient accessibles financièrement (de type résidences-services).
• Les structures alternatives à la maison de repos (ex : résidences-services, courts-séjour, centres de soins de jour, habitats alternatifs pour seniors) sont relativement peu développées. Notons d'autre part que la durée des séjours hospitaliers diminue au fil des années, avec un risque de retour à domicile prématuré.
Profil des résidents des hébergements pour personnes âgées
• Maisons de repos (et de soins) : Les bénéficiaires de l'intervention majorée (BIM) sont surreprésentés dans les MRPA/MRS par rapport à l'ensemble des Bruxellois de la même catégorie d'âge. De même, les femmes sont surreprésentées dans les MRPA/MRS dans la catégorie d'âge des 75 ans et plus, tandis qu'elles sont légèrement sous-représentées chez les 65-74 ans.
• Centres de soins de jour (CSJ) :
– Les BIM sont sous-représentés dans les CSJ par rapport à l'ensemble des Bruxellois de la même catégorie d'âge.
– Les femmes sont également légèrement sous-représentées dans les CSJ.
– La patientèle des 65 ans et plus faisant appel aux services des CSJ est globalement plus âgée que la population bruxelloise des 65 ans et plus.
La gestion du vieillissement en Wallonie aux horizons 2025-2045 : enjeux et prospective
Rapport de recherche IWEPS
Ce rapport présente les résultats d’une analyse prospective sur le « bien vieillir » en Wallonie à l’horizon 2025 - 2045 menée par une équipe interdisciplinaire composée de démographes, de sociologues, de politologues et d’économistes de l’Université catholique de Louvain. La question du « bien vieillir » a été abordée via l’articulation entre quatre volets.
Le premier volet analyse les déterminants de la prise en charge et de l’accompagnement des parents âgés et à étudier la répartition géographique des profils types de parents et d’enfants en les mettant en relation 1/ avec les besoins identifiables à partir d’une analyse du vieillissement local des populations ; 2/ avec l’offre de service sur les territoires communaux. Une typologie des communes wallonnes croisant les besoins et l’offre de service pour les personnes âgées est également élaborée.
Le deuxième volet examine des expériences pilotes ou des initiatives récentes d’aide à des publics dépendants ou soumis à un risque d’isolement élevé et aux aidant-e-s, menées à un niveau local, ainsi que certaines initiatives plus informelles dont l’objectif est de renforcer ou d’améliorer les possibilités de maintien à domicile pour les personnes âgées dépendantes.
Le troisième volet met au jour 1/ les diverses conceptions du « bien vieillir » que développent les (futurs) acteurs du vieillissement et de l’aide à domicile – d’une part jeunes seniors (45-55 ans) qui fournissent aujourd’hui un soutien à leurs parents âgés et sont, à un horizon proche, les futurs bénéficiaires des aides familiales et professionnelles et d’autre part les futurs professionnels du secteur de l’aide ainsi que les professionnels qui les forment ; 2/ les stratégies conscientes et inconscientes que les futurs aidés et aidants mettent en place pour préparer et anticiper les besoins futurs (stratégies financières, affectives, sociales, de mobilité géographique, etc.) en fonction de leurs attentes en matière de « bien vieillir » ; 3/ les tendances en matière d’aide aux personnes vieillissantes à partir des évolutions observées par les professionnels de l’aide à domicile.
Le quatrième volet propose et discute des scénarios de gestion du vieillissement intégrant les niveaux micro, meso, macro, avec des acteurs et des experts afin de proposer des recommandations aux pouvoirs publics relativement aux enjeux et à la gestion du vieillissement.
Découvrez la brochure Santé mentale et vieillissement de Psycom.
Le vieillissement n’est pas une maladie, c’est un processus naturel physiologique, responsable des modifications structurelles et fonctionnelles de l’organisme. Un des enjeux du vieillissement est de garder son autonomie et une qualité de vie satisfaisante, sans que cela devienne une norme imposée ou un enjeu de réussite. Repérer ses fragilités aide à prévenir l’apparition de problèmes, à faire face aux stress liés au vieillissement, à retarder ou réduire la dépendance et à limiter les incapacités.
« Bien vieillir » dépend aussi de son cadre de vie et de son environnement (urbanisme, habitat, transports, loisirs, lutte contre la précarité et l’isolement). « Bien vieillir psychiquement », c’est pouvoir conserver le maximum de capacité d’adaptation et le meilleur équilibre psychologique, jusqu’à la fin de sa vie.
Toutefois, malgré les inégalités génétiques, sociales et environnementales, grâce à un travail de prévention, il est possible de maintenir le plus longtemps possible des capacités d’adaptation, de résistance au stress et aux maladies, ainsi qu’une capacité à bien vivre.
Personnes âgées : une solidarité familiale trop souvent passée sous silence
(Article publié dans The Conversation, 4 juin 2025)
Contrairement à un cliché tenace, à l’approche de l’été, les familles ne s’empressent pas de déposer leurs proches âgés en maison de retraite pour partir en vacances. Pourtant, l’idée d’un entourage égoïste persiste, entretenu par les médias et les politiques au fil de crises, comme celle de la canicule de 2003. Les recherches sur les solidarités familiales dessinent une tout autre histoire. Comment expliquer son invisibilisation ?
Âgo, une association d’éducation permanente à destination des personnes âgées, a rendu public sa première analyse de 2025 sur l’âgisme. Cette discrimination basée sur l’âge se manifeste de nombreuses façons et est inhérente à la société dans laquelle nous vivons. Pourtant, elle reste largement sous-estimée, tant dans les débats publics que dans les pratiques de terrain.
Dans cette analyse, Pierre Missotten propose une définition accessible de l’âgisme et met en lumière ses multiples formes, souvent invisibles, mais aux effets bien réels. Il explore également les conséquences psychologiques de cette discrimination et souligne l’importance d’identifier nos propres biais pour mieux les déconstruire.
En mai 2025, un centre d'art en maison de repos a été inauguré au sein de la Résidence Sainte-Gertrude, établissement de vie pour aîné·es situé au coeur des Marolles dans le centre de Bruxelles.
Il s'agit d'un projet qui vise à mettre en réseau des artistes et les résidents pour la création d'oeuvres d'art à partir de leurs histoires. Parallèlement à ce travails en ateliers, une scénographie pourra être inventée pour mettre en valeur les oeuvres dans la maison de repos. Les travaux d'aménagement nécessaires seront menés tout au long du projet.
Ce projet, coordonné par le Théâtre National Wallonie-Bruxelles, bénéficie du savoir-faire de Mohamed El Khatib qui a déjà expérimenté le concept avec succès dans un EHPAD en France.
Fin 2024, le Conseil consultatif fédéral des aînés a rendu public son mémorandum qui vise à souligner les priorités et les actions nécessaires pour améliorer les conditions de vie des personnes âgées en Belgique. Ce document stratégique propose des recommandations concrètes basées sur l'expertise collective des membres du CCFA-FAVO et des organisations qu'ils représentent.
Performance du système de santé belge : rapport 2024
Le rapport analyse 142 indicateurs triés sur le volet pour livrer un tableau très complet des forces et faiblesses du système de santé belge. Parmi les nouveautés pour 2024, on retiendra
notamment une nouvelle dimension, la résilience (la capacité du
système à rebondir après une perturbation), analysée à la lumière
de la pandémie du COVID-19.
Les dépenses sociales liées au vieillissement de la population en Belgique vont augmenter pour passer de 25,8% du PIB en 2023 à 30% en 2070, selon les projections du Comité d'Étude sur le Vieillissement (CEV) du Conseil supérieur des finances.
Hypersexualisation des jeunes filles et sous-sexualisation des vieilles femmes.
À l’intersection de l’âgisme et du sexisme
Étude de Bénédicte Janssen pour Liages asbl – 2024
Cette étude émane de commentaires reçus sous une publication Instagram partageant le travail du photographe Erwin Olaf et montrant des femmes âgées dénudées et sexualisées. Ces commentaires ont soulevé la question du potentiel caractère sexiste et hypersexualisant de ce travail. L'étude tente de répondre aux multiples questions posées en partant des concepts de sexisme, d’âgisme et du lien existant entre eux.
Contre l'âgisme et pour une citoyenneté sociale active des personnes âgées
Utilisation actuelle et potentiel futur de la Charte sociale européenne
Gerard Quinn et Issi Doron, 2023, étude pour le Conseil de l’Europe
L’ objet de cette étude est d’expliquer le rôle essentiel joué par la Charte sociale européenne en matière de promotion et de protection des droits des personnes âgées en Europe.
Elle est conçue pour servir utilement aux groupes de personnes âgées de la société civile et leur permettre de mobiliser efficacement les mécanismes de la charte et sa jurisprudence afin d’élaborer des stratégies d’actions de sensibilisation nationales en vue d’engager des réformes.
“Un changement de paradigme est indispensable pour passer d’un modèle fondé sur un problème social à un modèle fondé sur une approche adaptée aux droits humains”
Gérard Quinn et Issi Doron, 2023.
À l’occasion de la publication du 3ᵉ Baromètre « Solitude et isolement : quand on a plus de 60 ans en France », dévoilé ce 30 septembre 2025, la Fondation des Petits Frères des Pauvres (France) tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. L’isolement extrême des aînés explose : 750 000 personnes âgées sont aujourd’hui en situation de mort sociale. Si rien n’est fait, ce chiffre pourrait dépasser le million d’ici 2030. Une urgence sociale et politique.
Ce baromètre met en lumière la situation d'une "France qui vieillit et qui s'isole". Yann Lasnier, délégué général des Petits Frères des Pauvres, dénonce une politique de l’autruche des pouvoirs publics face à cette "urgence sociale et politique trop longtemps ignorée".
Gérontologie et société N°177 (août 2025) - Le vieillissement au prisme du genre
Ce numéro de Gérontologie et société entend passer le vieillissement au crible des questionnements posés par le genre : quelles sont les conséquences des éducations et des parcours de vie différentiels des hommes et des femmes sur leurs conditions de vie et leurs expériences du vieillissement ? Comment rester un ‘homme’, une ‘femme’ quand des limitations surviennent et que les places occupées se transforment ? Se sentent-ils et elles vieillir de la même manière ? Les activités sportives et numériques sont-elles les mêmes pour les hommes et les femmes au cours de l’avancée en âge ? Les dispositifs et les statistiques tiennent-ils compte des différences de genre ?
Dans son numéro 176 sorti en mai 2025, la revue Gérontologie et société s’attelle à examiner « les vieillissements extraordinaires ». En pratique, l’extraordinaire - au sens de quelque chose qui sort de l’ordre commun - concerne des populations amenées à vieillir ou à être accompagnées dans des lieux, à travers des dispositifs, qui n’ont pas été pensés pour elles. Les articles de ce numéro tentent d’apporter des pistes de réponse, en s’intéressant à des populations vieillissantes en situation de grande précarité économique, vivant dans des environnements peu adaptés au vieillissement (en prison, dans des centres d’hébergement d’urgence, etc.) ou encore présentant des maladies et des handicaps spécifiques (VIH, trisomie 21, etc.).
Inégalités sociales de santé et inégalités de genre en matière de retraite et de vieillissement
Camille Chaserant et Ronan Mahieu
Nous vous proposons un condensé de trois articles issus des communications présentées lors de la troisième édition du Colloque international « Retraite et Vieillissement » en octobre 2023 à Paris sur les inégalités de santé et leur influence sur la fin de la carrière professionnelle et la retraite.
Le vieillissement de la Suisse : solutions envisageables pour un système de santé résilient (Étude de Deloitte, mai 2025)
Face au vieillissement de la population, le système de santé suisse est en train de devenir lui-même un patient. La hausse des coûts, le besoin de soins croissant et la pénurie de personnel qualifié appellent un changement radical des mentalités. Dans le même temps, les nouvelles technologies et le regain de l’attention portée à la prévention ouvrent des champs d’opportunités pour des soins de santé pérennes. Ce rapport livre des éclairages sur les moyens d’améliorer l’efficacité et la durabilité de l’offre de soins, et fournit également des recommandations d’action concrètes.
La situation des séniors sur le marché du travail en 2023 (Insee, France)
En France, l'Institut national de la statistique et des études économiques, Insee, a rendu public en juillet 2024 un ensemble d'analyses et d'indicateurs portant sur le marché du travail. Selon cet ouvrage, la participation des séniors au marché du travail n’a cessé de croître ces dernières années, notamment sous l’effet des réformes des retraites successives repoussant l’âge de départ à la retraite. Pour autant, elle reste très hétérogène en fonction de l’âge : en 2023, plus de huit personnes sur dix sont en emploi à 55 ans, mais cette part baisse à cinq sur dix à 61 ans.
En moyenne entre 55 et 61 ans, 21 % des seniors ne sont ni en emploi, ni à la retraite : cette situation est souvent subie, notamment pour des raisons de santé ou de handicap. Cependant, cette situation peut être choisie par des personnes souhaitant rester au foyer ou approchant de l’âge de leur départ à la retraite.
À l’opposé, 13 % des retraités en emploi juste avant la première perception de leur retraite ont continué à travailler dans les six mois qui suivent, cumulant ainsi emploi et retraite. Parmi eux, 36 % le font parce qu’ils retirent de la satisfaction de leur travail : ce sont plus souvent des cadres et des indépendants.
Dans 38 % des cas, ces retraités le font par nécessité de percevoir un revenu complémentaire ; ils sont plus souvent salariés, ouvriers ou exerçant une profession intermédiaire. Ils sont plus souvent locataires ou avec un emprunt immobilier en cours, ou parents d’un enfant vivant encore dans leur domicile.
Bon à savoir : Fin 2024, la cinquième édition de Age Report a été publiée en Suisse sous le nom « Age Report V – Habiter, vieillir et voisiner ».
Cette nouvelle édition fournit des informations approfondies sur les conditions de vie et d’habitat des personnes âgées, sur la base d’une enquête représentative menée dans toute la Suisse.
Vieillir autrement - Offrir de nouvelles perspectives aux personnes âgées (Instituts de recherche en santé du Canada, IRSC)
Plan stratégique 2023-2028
Dans ce plan stratégique, les IRSC du Canada proposent des réponses adéquates pour une population canadienne vieillissante qui "mérite de vieillir dignement en bénéficiant de soins de santé adaptés à ses besoins".
Afin d'arriver à ce noble objectif, il faut revoir le conception du vieillissement, mettre les expériences de vie au cœur de l'action et transformer le système de soins pour assurer l’épanouissement et le bien-être de chaque membre de la société à toutes les étapes de la vie.
Vidéo - Isolement de la personne âgée : un nouveau syndrome gériatrique.
L’isolement de la personne âgée n’est pas seulement un problème social, étant donné son retentissement majeur sur la santé des malades et l’observance de leur traitement. Qu’est-ce que l’isolement ? Quels sont ses risques ? Comment l’appréhender globalement ?
Sylvie Bonin-Guillaume, gériatre et Présidente de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG), apporte quelques réponses dans l'émission Les jeudis de la formation, animée par le docteur Jean-Paul Marre.