Ce séminaire a été organisé avec l'appui de la COCOF et de la Région Wallonne.
Séminaire reprogrammé
Aline CHASSAGNE, sociologue
LASA, Université Bourgogne Franche Comté et CIC-CHRU Besançon
Discutante : Stephanie LINCHET, sociologue, CARE ESPRIT, ULiège
Mardi 14 janvier 2020 de 12 à 14 heures
Institut de Sociologie ULB, Avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Salle Janne (15ème étage)
Entrée libre
Résumé
Au cours des trois dernières décennies, la part des personnes détenues âgées dans de nombreux pays d’Europe a augmenté. Ainsi, les prisons qui étaient jusqu’alors composées majoritairement d’individus de moins de 30 ans ont vu leur part de seniors s’accroître. Cette tendance à enfermer plus fréquemment les « vieux » vient bouleverser nos représentations de la vieillesse.
À partir d’un ancrage empirique constitué de nombreuses observations et d’entretiens réalisés auprès de détenus âgés et d’une diversité de professionnels, un focus sur
la question du vieillissement en prison met en évidence des expériences hétérogènes. La démarche concerne la manière dont les détenus âgés eux-mêmes, les professionnels de la surveillance et des soins tentent d'articuler leurs activités autour de la prise en charge d’un public vieillissant. Plusieurs expériences du vieillissement en prison seront exposées à partir de portraits.
Contraintes spatiales et temporelles, qualification des personnes, des objets, des lieux et des rythmes sont au cœur de cette ethnographie de l’invisible qui tente de rendre compte de la diversité des mondes entremêlés. Trois points saillants issus de l’analyse des temporalités de la vieillesse en prison seront développés : les difficultés de s’ajuster au rythme carcéral, la présence d’un temps vide et la modification de l’horizon temporel. L’analyse apporte des éléments de compréhension de l’expérience du vieillissement, en ce qu’elle bouscule les objectifs attribués à la peine et le sens de la justice. Cette double épreuve interroge en filigrane les représentations habituelles de la vieillesse.
Julie LEBLANC, anthropologue
LADEC, Université Lumière Lyon 2
Discutante : Nouria OUALI, sociologue, METICES, ULB, Bruxelles
Mardi 12 novembre 2019 de 12 à 14 heures
Institut de Sociologie ULB, Avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Salle Janne (15ème étage)
Entrée libre
Résumé
L’illusion collective a longtemps fait penser l’immigration comme « provisoire » [Sayad, 2006] et uniquement liée au travail masculin. Dans ce contexte, la problématique du vieillissement des personnes immigrées a tardé à émerger [Attias-Donfut, 2006]. De plus, si les travaux pionniers sur la question ont porté la focale sur les hommes isolés vivant dans les foyers, les femmes sont quant à elles restées « en arrière-plan » [Laacher, 2014]. Le fait qu’elles s’inscrivent à l’intersection des rapports de sexe, d’âge, de classe et d'ethnicité renforcent cette invisibilité y compris au sein des recherches. Cette communication s'appuiera sur deux ethnographies, l'une menée en périphérie de l'agglomération lyonnaise et l'autre dans le centre-ville de Marseille, avec des femmes d'origines maghrébine mais aussi ivoirienne et sénégalaise âgées de 60 à 80 ans. Julie Leblanc tentera de dégager les processus engendrant l'invisibilité de ces femmes au sein des recherches mais aussi des espaces urbains concernés. Ceci en questionnant le traitement historique de l'immigration en France, les parcours de ces femmes à leur arrivée dans ce pays souvent dans les années 1950 mais aussi aujourd'hui, en interrogeant leurs mobilités et modes de sociabilité dans la ville. Cette approche aidera ainsi à dépasser une vision souvent culturaliste adoptée au sujet de ces femmes vues fréquemment comme gardiennes d'une dite "culture d'origine", pour montrer la diversité et la dynamique des parcours migratoires, de vies et de vieillesses que recouvre la catégorisation "migrantes âgées".
Régis SCHLAGDENHAUFFEN, sociologue
IRIS, LABEX EHNE, EHESS, Paris
Discutant : David PATERNOTTE, sociologue, STRIGES, ULB, Bruxelles
Mardi 22 octobre 2019 de 12 à 14 heures
Institut de Sociologie ULB, Avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Salle Janne (15ème étage)
Entrée libre
Résumé
La question du “bien vieillir” se décline de nos jours de façon différenciée et singulière dans certains milieux sociaux. Entre autres, elle semble se poser de manière particulière pour les personnes LGBTI même si, ces dernières années, les modèles du vieillissement LGBT ont changé. D'une part en raison d'une plus grande acceptation de l’homosexualité comme mode de vie ; d’autre part en raison d’une plus grande sociabilité homosexuelle des personnes âgées favorisée par les réseaux sociaux et l’Internet. Les recherches récentes menées sur les hommes gays et bisexuels montrent que pour bon nombre d’homosexuels âgés, vivre son identité gay s’avère plus aisée maintenant que durant leur jeunesse. Néanmoins, la question de l’homophobie reste présente, notamment lorsque vieillissement et institutionnalisation vont de pair.
Une collaboration STRIGES, Atelier Genre(s) et Sexualité(s), CDCS
En complément, une lecture
« Aux sources d’un droit de l’homosexualité », in Marie Cornu et al. (dir.), Les Archives et la genèse des lois, Paris, L’Harmattan, 2016, p. 237-54
En complément, une lecture
Sociograph 39, 2018, Expériences de vieillissements en collectif agricole autogéré. Enjeux individuels et collectifs, Elena Rocco.
Elena ROCCO, sociologue
UNIGE, Genève
Discutant : Jacques MORIAU, sociologue, METICES, ULB, Bruxelles
Mardi 21 mai 2019 de 12 à 14 heures
Institut de Sociologie ULB, Avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Salle Janne (15ème étage)
Entrée libre
Résumé
« Lou Camin »* est un collectif agricole autogéré fondé il y a plus de 40 ans par une bande de jeunes issus de la génération de mai 68 et militant pour la jeunesse. Ces « néoruraux », pour la plupart, ont investi leur vie entière dans une Utopie économique, sociale et politique. Aujourd’hui, environ la moitié de ses habitant.e.s (une centaine au total) est âgée de 40 à 70 ans. Dans un contexte aussi spécifique, comment est pensée collectivement et vécue individuellement l’avancée en âge d’une part importante de la communauté ?
L’histoire de plusieurs décennies de « Lou Camin » nous permet d’étudier à la fois son évolution dans le temps en tant que groupe, et l’expérience individuelle de vieillissement d’une partie de ses membres.
Après s’être attaché à décrire les enjeux de la « vieillesse » comme construction sociale propre au collectif, ainsi que ceux liés aux relations inter-générationnelles, nous nous pencherons sur le concept d’« épreuve » (Martucelli, 2006) comme outil d’analyse de l’expérience de vieillissement (Caradec, 2012).
* Nom d’emprunt
Florent CHOLAT, sociologue et géographe
LabEx ITEM, Projet VIVEHab, Laboratoire Pacte, Université Grenoble Alpes
Département de sociologie et recherche sociale, Università Milano Bicocca
Discutant : Pierre LANNOY, sociologue, METICES, ULB, Bruxelles
Mardi 19 mars 2019 de 12 à 14 heures
Institut de Sociologie ULB, Avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Salle Janne (15ème étage)
Entrée libre
Résumé
La montagne, entre contraintes de la pente et opportunités des vallées, est un objet particulier duquel nous avons beaucoup à apprendre. Déjà davantage vulnérables vis-à-vis du changement climatique, les Alpes subissent également les pulsations des saisons qui en font varier la population, les services ou encore l’accessibilité.
Dans ce contexte, assurer le « bien-vieillir » des populations les plus fragiles est un défi complexe et un enjeu fort de pérennisation de l’ « Habiter la montagne » pour toutes et tous. Entre les adaptations individuelles, collectives et les politiques publiques, cette présentation s’attachera à détailler comment l’on vieillit dans les Alpes françaises et italiennes et ce que cela nous apprend sur la soutenabilité sociale, économique et environnementale de ces systèmes face aux évolutions contemporaines des territoires.
Baptiste BROSSARD, sociologue, School of Sociology, The Australian National University, Canberra
Discutant : Simon LEMAIRE, sociologue, Transitions, UNamur
Lundi 4 février 2019 de 12 à 14 heures
Institut de Sociologie ULB, Avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Salle Janne (15ème étage)
Entrée libre
Résumé
À partir du moment où une personne est soupçonnée souffrir de démence, les interactions à son égard se modifient progressivement. Cette transformation est au cœur de la recherche menée par Baptiste Brossard pendant cinq ans, en France et au Québec, à partir d’un travail de terrain fondé sur l'observation de « consultations mémoire », de centres d'hébergement ainsi que sur des entretiens ethnographiques avec des patients, des proches et des professionnels.
Baptiste Brossard propose de conceptualiser la maladie d'Alzheimer comme transformation de l'ordre des interactions, au prisme de quatre processus récurrents.
D’une part, face à des troubles identifiés peu à peu comme des symptômes, un réseau d’aide se déploie autour des personnes, ce qui conduit à redéfinir les relations auxquelles elles ont accès. D’autre part, l’interprétation par les professionnels et les proches de certains de leurs comportements en tant que symptômes mène ces personnes à se voir retirer, peu à peu, leur crédibilité lors des interactions ordinaires. De plus, les comportements de « déférence » à l’égard des personnes diagnostiquées se modifient également. Enfin, surtout lorsque leur proche arrive aux stades les plus avancés de la maladie, les membres de l’entourage (familial et professionnel) procèdent à des « activités de reconstitution », visant à simuler ce que serait l'interaction sans la maladie.
L’analyse de ces quatre processus relationnels permet de reformuler certaines questions éthiques posées par la maladie d'Alzheimer de façon sociologique, interrogeant le monde social dans son ensemble.