Ce séminaire a été organisé avec l'appui de la COCOF et de la Région Wallonne.
Pierre Emmanuel SORIGNET, sociologue, Laboratoire capitalisme, culture et sociétés, UNIL, Lausanne
Discutante : Elodie VERLINDEN, Chercheuse en danse, Centre RESiC, ULB
Mardi 11 décembre 2018 de 12 à 14 heures
Institut de Sociologie ULB, Avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Salle Janne (15ème étage)
Entrée libre
Résumé
La question du vieillissement est devenue pour tous, bien qu'avec de profondes inégalités, une étape «normale» de l'existence. On ne parlera pas de la vieillesse comme d'un état mais comme d'un processus qui se déroule autant à 60 ans qu’à 35 ans alors même que les chances de succès pour décrocher un emploi dans la danse s’amenuise, que la sortie prochaine du métier modifie un style de vie jusqu’alors décalé. Aussi notre recherche en cours s’intéresse davantage à l’expérience du «devenir vieux» plutôt qu’à celle d’«être vieux». Dans ces processus, les autres interviennent de façon majeure, de sorte que le vieillissement est d'abord un phénomène relationnel. Les relations entretenues avec l'entourage professionnel et personnel et les interactions quotidiennes sont coproductrices du vieillissement, mais aussi des supports du processus. L’un des axes majeurs de la recherche sera alors de se centrer sur les vécus individuels du vieillissement.
On partira d’événements décisifs porteurs de ce vieillissement inscrit dans les corps ou symbolique : que ce soit la blessure, la paternité ou la maternité, une expérience professionnelle (audition, moment de création) mais aussi des relations avec les «autres», ceux qui ne partagent pas l’expérience du quotidien d’un danseur. Parce que le corps est l’instrument de travail du danseur, il repousse à la fois les limites de ce vieillissement et en donne dans le même temps une perception aiguë. C’est cette tension au cœur de l’expérience du danseur que nous essaierons de mettre en scène en nous appuyant sur les témoignages des danseurs ainsi que sur leur vécu corporel.
P. E. Sorignet
Pour en savoir plus ...
SORIGNET Pierre Emmanuel, 2012, Danser. Enquête dans les coulisses d'une vocation, Paris, La Découverte
Loïc RIOM, sociologue, chercheur associé à l’Institut de recherches sociologiques, Université de Genève et doctorant au Centre de sociologie de l’innovation, Mines ParisTech, Université PSL
Discutante : Madeleine SALLUSTIO, Laboratoire d'anthropologie des mondes contemporains, et coprésidente de l'Atelier d'hybridations anthropologiques*, ULB, Bruxelles
Jeudi 15 novembre 2018 de 12 à 14 heures
Institut de Sociologie ULB, Avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Salle Janne (15ème étage)
Entrée libre
Abstract
Étonnamment, la question des contextes locaux du vieillissement est encore peu traitée par les sciences sociales. Pourtant, le vieillissement en ville s’impose peu à peu comme l’une des questions pointues pour les sociétés occidentales. En partant de la notion d’habiter, ma présentation s’interrogera sur les modalités du vieillir en ville en décrivant comment les personnes âgées renouvellent, renégocient et réinventent leurs attachements à leur environnement urbain.
Pour ce faire, je m’appuierai sur un travail d’enquête photo-participative menée auprès de vingt personnes âgées entre 64 et 91 ans dans l’agglomération genevoise. Il a été demandé à chaque participant de prendre des photos de son quartier. Ces photos ont ensuite servi comme base à un entretien. A partir de ces images, ma présentation s’intéressera au travail entrepris par les personnes interviewées pour mettre en scène leurs lieux de vie et leur quartier. Cette analyse permettra de mettre en avant les arts d’habiter qui lient ces personnes vieillissantes à leur environnement de vie.
Loïc Riom
Publication
Jean-Robert Dantou, Florence Weber, 2015, The Walls Don't Speak. Les murs ne parlent pas, Heidelberg, Kehrer.
(Trilogie, résultat d’un dialogue de trois ans entre le photographe et l'anthropologue. Dantou et Weber accompagnée d'une équipe pluridisciplinaire en sciences sociales portent leur regard sur la folie.)
Jean-Robert DANTOU, photographe, Agence VU', Paris
Discutante : Ermelinde MALCOTTE, philosophe des sciences et diplômée en santé publique, Espace Seniors, Bruxelles
Lundi 8 octobre 2018 de 12 à 14 heures
Institut de Sociologie ULB, Avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Salle Janne (15ème étage)
Entrée libre
Des photos qui rompent avec les images misérabilistes et compassionnelles courantes de la thématique. Tout un processus et des questions sociétales à la clé !
Dans un contexte de refondation des politiques sanitaires et sociales en France, Jean-Robert Dantou, photographe, a mené avec une équipe de chercheurs en sciences sociales (coordonnée par Florence Weber et Agnès Gramain) une campagne photographique destinée à transformer l’image du handicap et de la dépendance. Basée sur dix années de recherche pluridisciplinaire en économie et sociologie sur la prise en charge, familiale et professionnelle, de personnes handicapées ou dépendantes, cette campagne photographique a tenté de mettre en évidence la diversité des situations, le rôle majeur des familles, et l’absence de reconnaissance des salariés de l’aide médico-sociale à domicile.
Le choix des situations mises en scène par le photographe s’est effectué collectivement et dans le respect des personnes, avec l’objectif de rompre avec les images misérabilistes et compassionnelles courantes et de briser la spirale du mépris et de la relégation qui touche par contagion les professionnels du handicap et de la dépendance.
Lors de cette séance Penser les vieillesses, le photographe Jean-Robert Dantou reviendra sur le processus de cette campagne* ainsi que sur les questions sociétales (solidarités, coûts, etc.) qui l’ont porté. Il interrogera dès lors le pouvoir de ces mises en scène à changer les regards, les pratiques et les politiques.
*portée par la Chaire Handicap psychique et décision pour autrui, la CNSA et l'Équipe MEDIPS.
Sorti de presse aux éditions Academia à Louvain-la-Neuve. Mai 2018.
Un ouvrage imaginé à partir de trois années du séminaire "Penser les vieillesses"
Et coordonné par Sylvie Carbonnelle et Dominique Joly, CDCS.
La vieillesse s’est-elle modifiée ou est-ce le regard posé sur elle qui a changé ? La multiplication récente d’études a enrichi la connaissance du phénomène et ouvert la voie à d’autres discours que celui de l’alarmisme ambiant.
Cet ouvrage, conçu à partir de trois années du séminaire Penser les vieillesses, propose d’interroger l’évolution et la diversité des formes du vieillir. Il examine la manière dont la période contemporaine, les lieux et les espaces, les milieux sociaux et les conditions de vie, le genre et les normes morales configurent des vieillesses différenciées et des mondes en recomposition permanente.
Qu’est-ce qui a changé dans la manière de vieillir depuis le baby-boom ? Qu’en est-il de la puissance ou de la faiblesse des solidarités familiales ? Comment la migration à la retraite ou l’attachement à un territoire modulent-ils l’expérience du vieillir ? Quels effets la classe sociale produit-elle sur le processus de vieillissement ? En quoi les représentations liées au corps vieillissant jouent-elles sur les processus identitaires ? Ces questions concernent aussi et inévitablement l’ensemble d’une société en profonde mutation.
Un avant-goût de cet ouvrage collectif est à découvrir sur The conversation : pourquoi étudier les vieillesses dans leur diversité ?
Marie-Hélène INGLIN-ROUTISSEAU, Docteur en littérature générale et comparée, Université Paris Nanterre
Discutante : Valérie CENTI, maître-assistante en langue française, Haute Ecole Charlemagne, Liège
Mardi 5 juin 2018 de 12 à 14 heures
Institut de Sociologie ULB, Avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Salle Janne (15ème étage)
Entrée libre
La représentation du vieillissement, du passage de la vie à la mort, constitue pour l’enfant un moyen d’appréhender la temporalité. Pareille transformation ne passe pas seulement par la présence de la mort, de la maladie ou de la vieillesse. Dans la littérature de jeunesse, elle se dit aussi à travers une histoire symbolique de la succession des générations, une histoire qui, transmise aux enfants par leurs grands-parents, instaure une temporalité de la filiation.
Pour autant, la restitution d’un tel passé n’est pas simple. La représentation d’une dégradation, d’une décomposition ou encore d’une hésitation dans l’exécution et la véracité du récit, rendent également compte des détériorations de l’âge, reliant la déconstruction du sens à la déconstruction du sujet.
Dès lors, l’absurdité drolatique des situations, la tristesse de la perte dépassée par la reconstruction d’une ascendance, une esthétique de la naissance, de la vie, de la mort et de la renaissance, disent à l’enfant que la vieillesse n’est pas autre chose qu’un point de fuite à partir duquel le sujet se construit, une feuille, une branche, un moment de l’existence dans un cycle, un arbre qui s’enracine, la certitude que nous habitons tous dans un arbre sans fin.
Sophie RICHELLE, historienne, MMC, ULB, Bruxelles
Discutante : Sylvie CARBONNELLE, socio-anthropologue, CDCS et METICES, ULB, Bruxelles
Mardi 8 mai 2018 de 12 à 14 heures
Institut de Sociologie ULB, Avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Salle Janne (15ème étage)
Entrée libre
Froids, humides, mal éclairés, archaïques… dans l’historiographie, les hospices du 19e siècle sont racontés la plupart du temps comme des lieux d’abandon d’une misère extrême. Mais quelles archives président à cette mise en scène ? Les historiens sont-ils entrés dans les hospices ou se seraient-ils arrêtés sur le seuil ?
Grâce aux archives administratives du CPAS (centre public d’action sociale) de Bruxelles, il est possible de ne pas se limiter à des registres d’admission ou des règlements d’ordre intérieur dont la théorie ou l’abstraction ne se confirme pas toujours dans la pratique. Il est possible de pénétrer l’intérieur d’un quotidien, de mettre en scène autrement les hospices pour vieillards du 19e siècle.
L’analyse microhistorique de ces espaces particuliers permet de s’attacher aux dimensions humaines, matérielles et sensibles qui les composent et les façonnent. Au cœur de l’analyse, il s’agit bien de comprendre l’expérience des personnes âgées : comment est éprouvée, vécue et ressentie la tranche de vie qui se déroule au sein des hospices. Difficiles à saisir, l’analyse des archives permet néanmoins de dégager les cadres, de dresser les conditions de ces vécus, les seuils des sensibilités , le désirable et l’intolérable d’une situation donnée, à une époque donnée pour des personnes données.
Une nouvelle mise en scène des hospices bruxellois du 19e siècle se dessine alors. Les hospices ne sont plus aussi froids et humides qu’ils n’y paraissent. Une fois ces hospices d’assistance publique du 19e siècle replacés dans leur contexte et mis en perspective avec les normes techniques et sociales de leur temps, il ne peut plus être question d’archaïsme des conditions de prise en charge. Une plongée dans ce monde permettra d’en saisir les nuances et les complexités.
Mathieu ARBOGAST, sociologue, CEMS, Institut Marcel Mauss, EHESS, Paris
Discutant : Mathieu de WASSEIGE, docteur en langues et lettres, cultural studies, télévision studies, IHECS, Bruxelles
Mardi 24 avril 2018 de 12 à 14 heures
Institut de Sociologie ULB, Avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Salle Janne (15ème étage)
Entrée libre
Jeunes femmes et vieux messieurs. En forçant le trait, les fictions télévisées peuvent être résumées de cette manière.
Les séries télévisées occupent une part considérable de la programmation. Elles contribuent fortement à nos représentations et à notre imaginaire. Elles existent aussi en tant que secteur économique et marché de l'emploi, dont les acteurs et actrices sont la partie visible. Cet objet trivial, familier, combine de deux manières différentes les inégalités qui frappent les femmes lorsqu'elles avancent en âge. Le seuil des 50 ans n'est pas seulement symbolique, car la proportion de comédiennes diminue drastiquement au-dessus de cet âge. Peu représentées à l'écran, contrairement aux hommes de 50 ou même 70 ans, les femmes subissent alors une deuxième inégalité. Car elles sont souvent représentées de manière plus négative, et leurs personnages renvoient l'idée que la sexualité n'est plus de leur âge. Cette double peine relativise l'idée d'une télévision plus féminine et égalitaire que par le passé, et met en évidence que malgré l'existence indéniable de personnages féminins forts et positifs, à grande échelle la télévision continue de mettre en scène des inégalités de genre importantes, dans lesquelles l'âge des femmes est une question centrale.