PROGRAMME 2022-2023 - SAISON 14
Ce séminaire est organisé avec l'appui de la COCOF
MARDI 28 NOVEMBRE 2023
Sylvie CARBONNELLE, socio-anthropologue, a présenté les résultats d’une recherche qualitative menée en 2021 dans les maisons de repos et de soins de la région bruxelloise : « L’épreuve du Covid en MR.S. La perspective des professionnels, des résidents et de leurs proches ».
Lieu : Université libre de Bruxelles - Institut de Sociologie - Avenue Jeanne 44, 1050 Ixelles (campus Solbosch, bâtiment S) - Salle Henri Jeanne (15e niveau)
Renseignements : cdcs@ulb.be
Organisation : Valéry MUCO / 02-650 67 01
Responsables scientifiques : Sylvie CARBONNELLE et Pierre LANNOY
Résumé
Les maisons de repos (et de soins) ont été fortement impactées par l’épidémie de Covid depuis le début de l’année 2020, une situation sanitaire reconnue comme inédite, en raison de sa gravité et de sa complexité. Ce secteur a particulièrement souffert et a connu de nombreux bouleversements. Si plusieurs études précédentes ont apporté un éclairage sur la situation de l’accompagnement et des soins résidentiels aux personnes âgées dans ce contexte épidémique, notamment eu égard à la spécificité des publics accueillis, à des facteurs organisationnels ou liés aux politiques de santé, aucune en Région bruxelloise ne s’était encore focalisée sur le vécu des principaux acteurs concernés, à savoir les professionnels, les résidents et leurs proches, ni à leur « donner la parole ».
Cette étude répondait à un double objectif.
D’une part, rendre compte de l’expérience de la crise de ces trois types d’acteurs : à quelles situations ont-ils été confrontés, à quelles difficultés ont-ils dû faire face ?, qu’est-ce qui a constitué un « support » , qu’est-ce qui leur a permis - ou pas - de résister ? -, de quelle manière leur vie - vie professionnelle, familiale, personnelle, voire le sens de leur vie - en a été affectée.
D’autre part, dégager un bilan de la crise fondé sur le croisement de ces perspectives-expertises afin de formuler des pistes d’amélioration et/ou de changement dans les pratiques, susceptibles de permettre à ces institutions d’être mieux outillées et préparées dans le futur. Si cette crise a été le révélateur d’un manque de moyens, de lacunes, de défaillances, elle a aussi mis en lumière certaines limites du modèle institutionnel actuel au regard des attentes sociétales en matière d’accompagnement des personnes avançant en âge et ouvert le champ de nouveaux possibles.
Bienvenue (en présentiel). N'hésitez pas à partager l'information.
21 novembre - Valentine Charlot, Le Bien Vieillir asbl, Namur
L’impact du Covid sur les professionnels de l’aide à domicile : vécus et enjeux spécifiques à ce secteur
Lundi 21 novembre 2022 de 12 à 14 heures
Gratuit et sur inscription
En présentiel, voir plan d'accès
Si la crise sanitaire n’a épargné personne, l’impact qu’elle a eu sur le travail spécifique des professionnels de l’aide et des soins à domicile a peu été pris en considération. Et pourtant, les travailleurs de ce secteur sont bien souvent restés à leur poste, auprès de personnes vulnérables, certaines complètement isolées ou malades. Un travail rendu encore plus solitaire par l’absence de moments de groupes permettant de mettre des mots sur les bouleversements du quotidien, ou encore sur la peur de tomber malade soi-même ou de transmettre le virus de maison en maison. Au travers d’entretiens de groupes ayant permis d’entendre plus de 540 personnes dont près de 80% de travailleurs de terrain, cette étude s’est intéressée au vécu de la pandémie sur ceux-ci ainsi qu’à son impact sur leurs pratiques auprès des bénéficiaires vulnérables. Comment ont-ils fait face ? Comment se sont-ils réorganisés ? Que leur a-t-il manqué ? Ont-ils été soutenus ? Comment vont-ils aujourd’hui ? L’exposé propose une synthèse des données récoltées ainsi que des pistes de compréhension et des recommandations.
Lundi 17 octobre 2022 de 12 à 14 heures
Gratuit et sur inscription
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Les maladies neurodégénératives affectent le langage, la mémoire et la motricité des personnes, entraînant chez des sujets jeunes un vieillissement précoce. Pourtant, les soignants se doivent d’établir avec eux une relation personnelle, de sujet à sujet, au-delà du rapport à la maladie et aux déficiences qu’elle entraîne. En France, deux résidences ont été créées pour aller au bout de cette démarche, en tenant compte de la personnalité des malades et de leurs capacités interactives. Pour cela, elles se donnent pour objectif de réduire l’usage de thérapies médicamenteuses, les procédures physiques contraignantes et les formes de stigmatisation sociales généralement appliquées à ces malades afin de préserver leur intégration sociale et en quelque sorte leur "jeunesse". Le terme de "personne" est mis en avant et renvoie à cette exigence éthique. Lors de cette présentation, nous reviendrons sur l’ethnographie que nous avons menée dans l’un de ces établissements dans le cadre de l'ANR Vital mortel. Nous nous attarderons sur les tensions et les conflits qui s’ouvrent à propos de la préservation du "Moi" des résidents. En allant au-delà de cette exigence revendiquée et au plus près des pratiques, nous nous demanderons ce qu’il se passe lorsque les aidants évaluent les déficiences liées à la maladie chez les malades, tout en cherchant à soutenir l'expression de leur personnalité. Le self des personnes, en tant qu'il est le résultat d'une interaction sociale (Goffman, 1973), parvient-il à être stabilisé et maintenu ? Dès lors, c'est ce qu’il reste de la "personne" dans ces institutions et dans l’épreuve du vieillissement précoce qui se trouve explicité, ainsi que les conséquences inattendues qui en découlent. C’est à propos de cette dynamique que nous avons enquêté.
Marine
Lundi 9 mai 2022 de 12 à 14 heures
Gratuit et sur inscription
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La crise sanitaire engendrée par le SARS-CoV-2, en particulier durant les premières vagues de la pandémie, a profondément modifié le rapport à son corps et à celui des autres, entraînant une recomposition des relations sociales et du rapport au monde environnant. Ce genre de recomposition a touché de plein fouet les établissements médico-sociaux (EMS), ou EHPAD ou MRS, non seulement parce que le care institutionnel qui s’y déploie, un travail du corps essentiellement, devient problématique dès lors que le virus se transmet par le contact et dans la contiguïté, mais aussi en raison de la contagiosité importante du virus dans des lieux de vie collective où résident des personnes âgées dépendantes, souvent porteuses de comorbidités.
Empruntant la voie ouverte par Anne Gonon (2018) pour penser le mouvement de vulnérabilisation qui saisit, dans l’espace où surgit la catastrophe, le lieu et les personnes qui y coexistent, ma présentation va aborder la pandémie et les mesures prises pour l’endiguer comme une épreuve qui a le pouvoir de défaire la forme de vie qui s’organise au sein d’un EMS. Prenant appui sur une enquête exploratoire menée en janvier 2021 dans deux établissements de Suisse romande, je vais m’attacher à décrire les cinq composantes de cette épreuve : (1) prendre soin dans une vie collective avec le virus ; (2) s’éprouver vivant et s’émouvoir ; (3) pourvoir à la survie, protéger les vulnérables ; (4) soutenir une « vie vivable » ; (5) étiolement de la forme. Comme on le verra, chacune de ces composantes exprime une certaine manière de signifier « ce qui a trait à la “vie” » (Fontanille, 2015) et est structurée par un partage spécifique entre le « social » et le « vital ».
Fabienne
Jeudi 28 avril 2022 de 12 à 14 heures
Gratuit et sur inscription
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Notre présentation vise à rendre compte des résultats de la recherche interdisciplinaire « Innovehpad » portant sur les usages des dispositifs numériques pour soutenir le lien social des résidents vivant en EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) durant les périodes de confinement liées à la crise sanitaire démarrée en 2020. Nous abordons d'abord la pluralité des réseaux de socialisation des résidents, qui dépassent les seuls liens intrafamiliaux. Nous examinons ensuite les types de liens qui ont été nourris au travers des dispositifs numériques, distinguant notamment des liens "substantiels" des liens "artificiels". Nous montrons enfin que le maintien des liens sociaux des résidents via les dispositifs numériques nécessite une (inter)médiation humaine assurée par les personnels soignants et soutenus par des dispositifs organisationnels adaptés.
Célia, Cédric, Christophe
Mardi 29 mars 2022 de 12 à 14 heures
En visioconférence, gratuit et sur inscription
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À l’instar de la canicule de 2003, la pandémie de COVID-19 a suscité une prise de conscience de la vulnérabilité et de l’isolement de nombreuses personnes âgées. Alors que plusieurs études ont été réalisées sur les résidents des EHPADs (notamment « Covidehpad » en France), la situation des personnes âgées autonomes demeure encore peu étudiée. Dans le cadre d’une recherche en cours sur le vécu de l’épidémie par les personnes âgées de 65 ans et plus au domicile (étude Covidomicile – Fondation de France - 2L2S, Nancy), nous discuterons ici de la façon dont la crise sanitaire est venue perturber les logiques en place dans les Résidences Autonomies (RA) pour personnes âgées non dépendantes. Les entretiens menés auprès de résidents de ces établissements montrent une transformation des dynamiques collectives entre résidents (relations de voisinage, solidarité interpersonnelle, activités collectives, etc.), mais aussi du rôle de l’institution : alors qu’elles sont dédiées à la prévention de la perte d’autonomie par la mise en œuvre de prestations délivrées par l’établissement (appartements, restauration collective, animations, sorties, etc.), les RA se sont vues transformées en lieux d’isolement qui, paradoxalement, ont contribué à accélérer l’entrée dans la vieillesse et le vieillissement. On verra cependant que certains résidents ont déployé des stratégies visant à maintenir leur identité et à préserver une image positive d’eux-mêmes en dépit des perturbations institutionnelles.
Jeudi 10 février 2022 de 12 à 14 heures
Gratuit et sur inscription (nombre de places limité)
En présentiel. Voir plan d'accès.
A la suite de votre inscription, vous recevrez un e-mail de confirmation contenant les instructions pour rejoindre la réunion. En cas d'évolution des consignes sanitaires, la séance se déroulerait en visioconférence.
Résumé
La pandémie de Covid-19 a profondément impacté les institutions de soins et plus particulièrement les maisons de repos. Ces dernières ont, dans un même mouvement, tenté de protéger et d’isoler les résidents. La première partie de ce séminaire sera consacrée aux effets de cette crise sur les liens avec la première et la deuxième lignes de soins ainsi qu’à la transformation des rapports avec les familles. Les intervenants proposeront de tenter de comprendre comment les soignants en MR – MRS ont traversé la première vague et quels sont les obstacles auxquels ils ont été confrontés. Le concept d’institution totale de Goffman sera également mobilisé pour éclairer les conséquences de cette situation et en quoi il questionne plus largement ces structures d’hébergement et de soins.
La deuxième partie du séminaire s’attachera notamment à analyser le contexte de la relation avec le patient. Dans la plupart des professions de soins, celle-ci est à la fois objet du travail (la construction de la relation fait partie des soins) et outil de travail (la délivrance des soins nécessite une bonne relation avec les patients et les collègues). En la matière, une éthique pratique se développe, dont les principes s'acquièrent au fil des socialisations et des expériences successives. Le collectif de travail y joue le plus souvent un rôle essentiel. Or, dans les maisons de repos, la crise a réinterrogé, parfois bousculé ces principes, tout en amenuisant les temps et les espaces de collaboration autour de ces questions. Ils s'intéresseront ainsi à l'impact de la crise sur l'éthique de la relation au résident et sur le bien-être professionnel des soignants en maison de repos.
Annalisa CASINI, professeure, IPSY et CIRTES, UCLouvain
Discutante : Chiara GIORDANO, sociologue, GERME, ULB
Mardi 16 novembre 2021 de 12 à 14 heures
Gratuit et sur inscription (nombre de places limité)
En présentiel. Voir plan d'accès.
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Résumé
Les métiers de l’accompagnement à domicile, très majoritairement composés de femmes, sont un maillon incontournable de la chaîne de l’aide et des soins. Pourtant, ils sont exposés à un déficit durable de reconnaissance dû, entre autres, à la moindre valorisation du care par rapport au cure, au discours vocationnel genré sur ces métiers, à l’absence des femmes (majoritaires dans la main d’œuvre) au niveau décisionnel et à l’invisibilisation de celles issues des catégories marginalisées dans les luttes. Ces métiers se caractérisent aussi par un taux élevé de turnover qui pèse sur les services.
En nous focalisant sur ces métiers, nous avons récemment mené une vaste étude appelée Honeypot* (HOmecare Nurses EmPOwerment and Turnover) dont l’objectif général était de cerner les éléments du contexte professionnel qui permettent de prédire le turnover, la santé et le bien-être des travailleur·euses.
Lors de cette présentation, nous nous attarderons sur un volet de cette étude visant spécifiquement à comprendre quel a été l’impact, dans un tel contexte, de la crise du COVID-19, sur les travailleur·euses et à étudier leurs stratégies individuelles et collectives pour y faire face. Dans ce volet nous mobilisons, entre autres, le concept de conflit famille-travail qui fait appel aux notions de rôles de genre, de facteurs de risque psycho-sociaux et de soutien social. En nous basant sur des données quantitatives collectées avant et après le premier confinement dû à la COVID-19 ainsi que sur des échanges eus avec certaines figures clés du secteur (représentants de fédérations, dirigeants d’entreprise, syndicats, etc.) nous montrerons que, si dans un premier moment, la pandémie à eu tendance à aggraver la situation des travailleur·euses, elle a par la suite constitué une occasion précieuse pour viser une certaine amélioration des situations de conflit travail-famille.
* Honeypot est une étude financée par la FASD et la CNE, menée par Annalisa Casini, Florence Degavre, Donatienne Desmette et Patricia Melotte (CIRTES/UCLouvain).
Mélanie BOURGUIGNON, aspirante FNRS, et Thierry EGGERICKX, directeur de recherche FNRS, démographes, Centre de recherche en démographie, UCLouvain
Lundi 11 octobre 2021 de 12 à 14 heures
Gratuit et sur inscription (nombre de places limité)
En présentiel. Voir plan d'accès.
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Résumé
La mortalité liée à la Covid-19 se calque-t-elle sur les inégalités sociales et spatiales de mortalité générale existantes, ou définit-elle ses propres déséquilibres ? Ces disparités sont-elles les mêmes au cours des premières deux vagues ? Quelles sont les répercussions de la pandémie en termes d’espérance de vie ? Et la pandémie touche-t-elle équitablement toutes les classes sociales ou, au contraire, amplifie-t-elle des inégalités déjà présentes auparavant ? Spatialement, la première et la deuxième vagues affichent des distributions différentes. Les foyers principaux lors de la première vague sont les arrondissements de Mons, Bruxelles et la province du Limbourg avec une surmortalité très marquée. Lors de la deuxième vague, les foyers principaux sont moins marqués et apparaissent essentiellement dans les espaces frontaliers. Lors des pics de mortalité, un gradient social apparaît, le groupe le plus défavorisé étant le plus impacté lors des deux vagues. Toutefois, à partir de 80 ans, le gradient social s’inverse, la surmortalité étant plus élevée pour le groupe le plus favorisé. Au-delà de ces résultats se pose la question de l’impact de l’épidémie à moyen et long terme sur la mortalité. La pandémie COVID-19 n’aura-t-elle qu’un effet éphémère sur l'espérance de vie, qui a chuté d'une année en moyenne entre 2019 et 2020 ? Celle-ci reviendra-t-elle très vite à son niveau antérieur, au même titre que les différences sociales ? Un certain nombre de paramètres suggèrent que l’empreinte de la pandémie sur la mortalité et ses inégalités sociales pourrait être plus durable.